dimanche 2 novembre 2014

Coluche : C'est l'histoire d'un mec Rock'n Roll

Coluche, 


né le 28 Octobre 1944...


Au début de l'été 1986, Michel Colucci dit Coluche se tuait en moto.


Je me souviens bien quand j'ai appris ça. On dit de certains événements marquants qu'on n'oublie pas ce qu'on faisait précisément quand on a appris l’événement : c'est le cas. Tout un symbole, je quittais la vie d'étudiant et allais, après un an de "service militaire", entrer dans la vie active, la vie adulte. Je l'avais parodié, quelques jours plus tôt, lors du spectacle de la soirée étudiante de fin d'année. Salopette, tout çaaaaaaaaaaaaaa.

Je me souviens qu'on l'aimait bien, depuis ses débuts, dans ses outrances qui nous faisaient bien marrer, et dans ses touchantes faiblesses. Je me souviens son premier disque, ses premiers sketches « en solo », dont bien sûr « l’histoire d’un mec », mais aussi « Le Poète », ou le non-sensical « Homme averti ».

Je me souviens de ses passages sur différentes radios. Sur l’une d’elles, ne voulant pas (il disait « ne pouvant pas ») mettre un générique, il passait tous les jours un premier disque, au début de l’émission, toujours le même : Little Richard, Lucile. Rock’n Roll, donc, et parfois Louis Mariano, pour faire plaisir à sa maman.


Je crois me souvenir qu’il était resté assez fermé sur les années 50, de d’sur la musique. La musique faisait aussi partie de son univers, de ses spectacles. Il avait, un temps, filé un coup de main au "Grand Orchestre du Splendid", chanteur d'un temps

Je me souviens aussi qu’il a un temps soutenu RFM, faisant une émission « chez eux », lors qu’établis à Velizy 2 dans le centre commercial.. la radio était, malgré les promesses du candidat fraîchement élu président, brouillée. Je ne sais pas pourquoi, j’ai des petits souvenirs de trucs qu’il racontait à la radio – on a su plus tard que la quasi-totalité des blagues lui étaient fournies par ses rabatteurs de vannes, dont un est devenu acteur célèbre ensuite, mais pas particulièrement rigolo, c’est étonnant. Je me souviens qu’un jour il s’insurgea parce que le « super » venait de passer à 4,12 Francs, disant que ça ne pourrait pas durer, que les gens allaient descendre dans la rue. Avec le recul et le litre à 1,60 €…

Avec le recul, les « luttes » paraissent vaines, la récupération bat son plein et les bonnes intentions sont businessisées… Les années 80/90 ont été celles du charity business, des shows pour l’Ethiopie, contre le Sida, etc etc…. Mais à l’origine l’intention était dénuée d’arrière-pensée.

Ce mec prenait systématiquement pour cible le « gros con satisfait » et pathétique. Celui qui sournoisement somnole potentiellement en chacun de nous. « faire rire les gens et emmerder les cons », te montrer ce qui chez toi si tu fais pas gaffe, va te faire devenir un gros con. Je crois que j’ai bien retenu ça, cette leçon apprise sans y prendre garde à longueur d’écoute de ses sketches, et que j’ai toujours fait gaffe à pas devenir un gros con satisfait, grâce à lui.

Aujourd’hui c’est la saint Coluche, et chaque 19 juin voit revenir le cortège des éloges de ceux qui, alors, le courtisaient veulement ou méprisaient le clown. Difficile à croire de nos jours ou chaque hiver le montre comme une idole adulée de tous, autour de grandes messes de promotion des « artistes » venus en Jet privé culpabiliser les moins pauvres et leur vendre des disques… Bernie Bonvoisin, ex-Trust, a eu, il y a peu, le courage de quelques mots à ce sujet (voir l'article de Marianne.net http://www.marianne.net/Bernie-Bonvoisin-Il-n-y-a-plus-d-artistes-ce-sont-des-produits_a240722.html) , je crois qu'ils reflètent assez bien l'esprit qu'avait Coluche contre les « bien pensants ».

Coluche aurait eu 70 ans cette semaine.